Les mots qui glacent... le gouffre entre eux et nous...

Ce midi, pour suivre les judicieux conseils de ma chèfe, me voilà partie déjeuner avec mes collègues, dans la salle à manger qui jouxte le lieu d'accueil des demandeurs d'asile que reçoit l'assoce où je bosse.

Mon affreux tupperware était déjà dans le frigo donc j'étais les mains vides mais pas ma collègue, avec sa pomme, son yaourt et ses affreuses galettes de tofu ;-) Quelques minutes plus tard, une fois installées,un des médecins vient nous voir et demande à la cantonade que l'on ne traverse plus la salle d'attente avec de la nourriture. Motif invoqué : certaines de ces personnes n'ont pas mangé depuis plusieurs jours et c'est très dur pour eux de nous voir passer ainsi chargés...

On touche le fond. Dans le pays auto-proclamé des droits de l'homme où chacun est sensé trouver l'asile si dans son pays, il a souffert pour ses idées, son appartenance ethnique... , ces mêmes gens souffrent de la faim. Le système les affame. Sciemment. En les empêchant de circuler, de travailler... 

Dans le silence le plus absolu, de toutes parts.

On a caché nos pommes en resortant...