La longue marche
Préparer mon sac : des petits gâteaux, une bouteille d'eau, Madame Bovary, les lunettes de soleil (oui, ben, on peut toujours rêver ;), un peu d'argent, ma carte IGN de la région.
Partir à 10h30 et me dire que je n'irai que jusqu'à Villerville, le village le plus proche.
Et puis, une fois arrivée dans ce charmant village (où on trouve encore le café d'Un singe en hiver, plus typique tu meurs !!!), ma carte à la main, après avoir, sous un sale crachin, traversé des champs, des petits bouts de forêt, longé des parcs, des vergers aux pommiers rouges vifs tant ils sont chargés de fruits, des maisons gigantesques tout droit sorties de La Recherche ;)... me dire que je peux continuer un peu, "pousser" jusqu'à Cricqueboeuf et Pennedepie (j'adore les noms de ces villages...).
C'est reparti sur les chemins : des lavoirs, des ânes, des chevaux, me goinfrer de mûres, en avoir quasiment mal au ventre ;), monter, descendre, voir la mer de loin, et puis le soleil qui arrive, continuer de crapahuter en t-shirt cette fois, des chiens qui aboient, une fille à cheval devant moi... Et me voilà à Pennedepie, assise sur les marches de l'église, au milieu des tombes où tout le monde s'appelle pareil... une petite gaufrette, un peu d'eau, les jambes qui tirent, mais Honfleur est tout prêt, alors zou, trouver mes dernières forces, ne pas penser aux jambes qui commencent à faire mal, ni aux futures courbatures ;) et me lancer.
Une forêt à traverser (petite frayeur toute seule entre ces arbres un peu sombres...), des chemins plus plats, le havre de paix de la chapelle Notre-Dame-de-Grâces. Y déposer une petite bougie, me découvrir un tout petit reste de foi, chercher un peu de force (et pas seulement pour terminer la balade ;). Puis descendre tout doucement vers Honfleur, les toits gris d'ardoises, les façades flaubertiennes... Et malheureusement, le retour à la civilisation, les touristes en groupes, les galeries moches, les boutiques de souvenirs chinois...
Un chocolat chaud sur le Grand bassin et me voici repartie, vers la gare routière. Lire Madame Bovary dans le bus. Etre en 20 minutes là où j'étais 6 heures plus tôt...