La chute dans l'inconnu
Lundi 9 décembre, à midi, devait être un grand moment : la dernière échographie, et donc le dernier moment où nous voyions notre bébé avant le live :)
L'affaire a tourné court : au terme de l'examen, voilà que la sage-femme décrète (tout en douceur, accordons-lui cela) que le bébé est trop bas et le risque de naissance prématurée trop élevé pour me laisser repartir tranquillement chez moi. Injections de corticoïdes pour aider les poumons du bébé au cas où il viendrait à arriver très en avance (encore deux mois environ à patienter, normalement...) puis surveillance pendant 48h au moins pour contrôler l'évolution (et les contractions, provoquées par le fichu produit en question !!! le monde à l'envers...)
Me voilà donc embarquée dans ce que je craignais exactement depuis le début de cette aventure : ce doux monde de la médecine où votre corps ne vous appartient plus, où l'on prend les décisions pour vous comme si vous étiez la dernière cruche de la planète, où l'on vous angoisse bien volontiers afin de mieux avoir la main sur vous... Le psychosomatique étant un atout particulièrement développé chez moi, autant vous dire que les trois jours qui s'en sont suivis (ponctués d'informations contradictoires, merci notamment le gros c... de chef de service qui me dit, méprisant et condescendant, "31 semaines c'est trop tôt, quand même, madame" AH BON ???... sale type...) ont été terribles.
Je n'ai pas souvenir d'avoir autant pleuré depuis mes aventures sentimentales d'il y a 3 ans... Une vraie loque. Et devant tout le monde : mon amoureux, les infirmières, les sages-femmes, les filles de mon groupe de préparation à la naissance...
Pleine d'angoisses, de peur, de tristesse, de culpabilité, de colère. Trois jours après, j'ai enfin réussi à m'évader de ce lieu sinistre, promettant que je resterai sans bouger sur mon canapé, shootée au spasfon. Après encore bien des mésaventures (un taxi qui refuse les prises en charge sécu et m'envoie faire le tour de l'hosto à la recherche d'un tampon à apposer sur mon papier, pour finalement avoir disparu à mon retour... des embouteillages monstrueux - 1h15 pour parcourir 7 kms...), et une journée de solitude forcée à la maison, des contractions terribles et de grosses frayeurs, je commence à voir le bout du tunnel.
Ma plus grande frayeur est heureusement en train de s'effacer : en effet l'angoisse qu'ils ont fait naître m'a conduite à me désolidariser de ce pauvre petit bébé, tout en lui en voulant de cette situation bizarre et inconnue que je subis sans choisir. Aussitôt m'a prise la peur de lui en vouloir, de ne plus savoir l'aimer, de ne pas réussir à l'accueillir avec tout l'amour que j'ai envie de lui donner. Moi qui ai passé une grossesse si douce, si sereine jusque là, qui vénère et vit chaque instant comme un immense bonheur depuis que j'ai découvert qu'on pouvait aimer à ce point, et comme ça, un tout petit être même pas encore sur terre, j'ai été terrorisée de me transformer en mère-chat, ignorante de son petit... Heureusement, la nature, l'amour et le couple sont bien faits et je crois que je suis sortie de cette mauvaise passe.
Et maintenant, je commence à organiser les semaines qui viennent pour ne pas trop m'embêter, interdite de travail et de déplacement que je suis. Et le compte à rebours a commencé. Objectif 36 semaines, c'est-à-dire le 13 janvier. Plus que quelques jours, finalement... Et c'est peut-être ça le plus grand chambardement :)
Un joli bouquet réconfortant de la part de mon amoureux, le traditionnel montioring du matin, la vue depuis ma chambre le soir...
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