Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Maintenant, j'en profite !
Archives
11 août 2011

Quelques beaux moments

J'ai lu je ne sais plus où il y a quelque temps : "je lis pour ne pas devenir folle"... Je dois avouer que ma frénésie de lecture de cet été avait un peu ce goût, au début... Je lis pour arrêter de ressasser, d'être bloquée dans ma tête. Lire me permet d'entrer dans la tête d'un(e) autre et... qu'est-ce-que ça fait du bien ! Peu à peu, je retrouve la sérénité, ces derniers temps, et je pense que la lecture y est pour beaucoup...

L'abyssin, Jean-Christophe Rufin
41QD1DP9ZKL__SL500_AA300_Quatrième de couv' : Louis XIV n'a jamais rencontré le Négus, le mythique roi d'Éthiopie mais il y eut bien entre les deux souverains des contacts diplomatiques. Un ambassadeur fut envoyé par le Négus à la cour du Roi Soleil. C'est en se fondant sur ce fait historique que Jean-Christophe Rufin bâtit son premier roman, l'aventure extraordinaire de Jean-Baptiste Poncet, traversant les déserts d'Égypte et les montagnes d'Abyssinie avant de se retrouver à Versailles, un peu dépaysé mais sans rien perdre de son inépuisable ingéniosité. L'enjeu est de taille puisque l'Éthiopie est l'objet de la convoitise des jésuites, des capucins et de pas mal d'autres qui, sous prétexte de servir Dieu, mettraient volontiers le pays sous leur coupe. Ayant compris le résultat désastreux que sa mission pourrait entraîner, Poncet décide de tout faire pour sauvegarder la liberté et les mystères de l'Éthiopie. Derrière un récit captivant, dans une langue héritée de Voltaire et Diderot, se cache une réflexion tout à fait actuelle sur le fanatisme et la liberté des peuples.

Un vrai roman d'aventures, une langue magnifique, des personnages pas forcément très fouillés mais c'est logique, vu le style de bouquin... Un très très bon moment, un plaisir d'écriture, un voyage dans le temps et dans des contrées magiques, l'imagination peut vagabonder... exactement ce qu'il me fallait en ce creux de l'été...

Samedi, Ian Mc Ewan
41Y08XNUEXL__SL500_AA300_Quatrième de couv' : Pour Henry Perowne - neurochirurgien réputé, mari heureux, père comblé d'un musicien de blues et d'une poétesse - ce devrait être un samedi comme les autres. Pas question d'aller défiler contre la guerre en Irak. Plutôt goûter les plaisirs de la vie. Et pourtant... Un banal accrochage et voilà la violence qui surgit dans son existence protégée. Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant. Tout en faisant diaboliquement monter le suspense, McEwan entrelace événements planétaires et privés avec une telle virtuosité que cet étrange samedi devient la métaphore de toutes nos vies fragiles d'Occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle. Et cette réflexion profonde sur le hasard et le destin, les pouvoirs respectifs de la science et de l'art, la quête d'un sens qui résisterait à la mort nous montre une fois de plus, après Expiation, un romancier parvenu à la plénitude de son art.

Première fois que je me lançais dans un bouquin de McEwan. Il y en a un qui traîne dans ma bibliothèque depuis des années, un recueil de nouvelles offert par mon père... et je suis incapable de me lancer dedans, ça me saôule avant même de l'ouvrir ;-). Et puis, là, j'avais prêté mon appart à une copine, je logeais chez une autre, partie en vacances et grande amatrice de littérature anglophone, j'avais fini L'abyssin et ce bouquin traînait dans la bibliothèque... Au début, je me suis dit que je n'allais pas insister, ce personnage sans intérêt, bourgeois anglais content de lui, rationnel à la limite de la connerie ;-)... Ses aventures et ses points de vue ne m'intéressaient vraiment pas ! Et peu à peu me voilà accrochée à cette histoire, l'irruption de l'inconnu dans une vie bien tracée, la violence qui est partout, et qui se confronte aux discours... Tellement accro que je me suis retrouvée à le lire en marchant dans la rue, chez l'esthéticienne, au bureau (oui, je sais...) !!!

La vie très privée de Mr Sim, Jonathan Coe
510mFCHmJhL__SL500_AA300_Quatrième de couv' : Max Sim, le protagoniste principal, est un antihéros par excellence, voué à l’échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l’échec à l’âge adulte (sa femme le quitte, sa fille ne le regarde guère, sinon pour rire sous cape), s’acceptant d’ailleurs en tant qu’échec et y trouvant même une certaine paix : l’absence de lutte, enfin. « Savoir s’accepter » devient l’un de ses mots d’ordre… À force de solitude, il finit par converser avec son GPS au long de ses pérégrinations de commis-voyageur représentant en brosses à dents dernier cri. Il tombe amoureux de cette voix désincarnée, lui imaginant même une personnalité, et les dialogues engagés avec elle partagent le lecteur entre le rire et la compassion. Jonathan Coe renoue ici avec la veine comique tout en gardant la même complexité, la même précision, la même habileté que dans ses livres précédents. Tout à la fois drôle, bien construit et situé à la pointe du contemporain, le roman procède par mélange de genres, suite d’échos, de souvenirs récurrents, de parallèles, de rappels, pour tenter de cerner la grand interrogation : jusqu’à quel point la vie peut être considérée comme une fiction ?

Jonathan Coe, après son magnifique et mélancolique "La pluie avant qu'elle tombe", renoue avec l'humour grinçant et un peu amer de ses précédents livres. Comme toujours, ses personnages sont attachants, même un parfait loser. La description de sa longue chute est à la fois drôle et désespérante, un tour de force. 450 pages en anglais dévorées en deux jours : tout est dit, non ?

Publicité
Commentaires
M
Contente que tu aies aimé l'Abyssin ! j'en pense exactement la même chose que toi.
Répondre
Maintenant, j'en profite !
Publicité
Newsletter
Publicité